Togo/ Nouvelle constitution : Les évêques sortent du silence et font une demande à Faure Gnassingbé

Lomé, 26 mars 2024 (Lomé Actu) – Les évêques catholiques du Togo ont récemment fait part de leurs inquiétudes concernant la nouvelle constitution récemment adoptée par le Parlement.

La Conférence des évêques du Togo (CET), après une vidéoconférence approfondie tenue le 21 mars 2024, a demandé publiquement une audience avec le Président Faure Gnassingbé pour discuter des implications de la décision de l’Assemblée nationale d’amender la Constitution de la Quatrième République.

Les appréhensions des évêques s’articulent autour de trois points essentiels : la nécessité de l’amendement, le moment choisi pour un changement aussi important et le processus par lequel il a été adopté. Ils soulignent l’importance d’expliquer la raison d’être de l’amendement aux citoyens togolais, et pas seulement à leurs représentants à l’Assemblée nationale. Les évêques se demandent si l’amendement servira le progrès commun et la vie sociopolitique du pays.

En outre, ils contestent le moment choisi pour l’amendement, étant donné que l’Assemblée nationale actuelle arrive à la fin de son mandat. Les élections étant prévues pour le 20 avril, les évêques suggèrent de se concentrer sur la gestion des affaires urgentes plutôt que de modifier la constitution au cours d’une campagne électorale.

La réaction des évêques du Togo par rapporte à la nouvelle constitution

Interpellés par le projet de modification de la Constitution de la quatrième République de  notre pays par l’Assemblée Nationale, nous, membres de la Conférence des Evêques du Togo (CET), réunis en visioconférence en ce jeudi 21 mars 2024, nous sommes penchés longuement sur le sujet et ses conséquences sur la vie sociopolitique de notre pays.

Au terme de nos échanges, nous avons jugé opportun de demander une urgente audience auprès de son Excellence Monsieur le Président de la République pour lui faire part de nos questionnements et réserves. Ceux-ci portent essentiellement sur trois points, à savoir:

  • L’opportunité ou non de faire cette modification. Il nous semble important d’expliquer au peuple, et pas seulement à ses Représentants à l’Assemblée Nationale, les raisons d’une telle modification. Qu’apportera-t-elle de mieux à notre marche commune et à notre vie sociopolitique?
  • L’opportunité ou non du moment choisi. L’actuelle Assemblée Nationale est en fin de mandat depuis un moment. Théoriquement, elle ne devrait gérer que les affaires urgentes et courantes, en attendant les résultats des élections qui auront lieu le 20 avril prochain et la prise de fonction  des nouveaux élus. Est-il opportun qu’une modification constitutionnelle soit organisée en cette période où les Députés eux-mêmes sont préoccupés par la campagne électorale qui commence très bientôt? Ne serait-il pas plus sage de la reporter à une date ultérieure, pour des travaux plus sereins ?
  • La procédure adoptée : un sujet aussi important qui va profondément changer la vie politique de notre pays ne devrait-il pas être précédé d’une large consultation et d’un débat national plus inclusif ?

Alors que nous attendions impatiemment la réponse à notre demande d’audience adressée au Président de la République, nous venons d’apprendre ce matin, avec grand étonnement, que

l’Assemblée Nationale a adopté la modification de la Constitution pour faire passer le Togo d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire ce 25 mars 2024.

Voilà pourquoi,  nous, Evêques catholiques du Togo, venons par la présente déclaration exhorter le Chef de l’Etat à surseoir la promulgation de la nouvelle constitution et à engager un  dialogue politique inclusif, après les résultats des prochaines élections législatives et régionales.

En comptant sur le bon sens, l’amour de la Patrie et l’engagement patriote de tous, nous vous assurons de notre paternelle prière en cette Semaine Sainte qui nous conduit vers la joie de Pâques.

Fait à Lomé, ce 26 mars 2024.

La Conférence des évêques du Togo

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